Et si apprendre dehors, c’était aussi apprendre autrement ?

L’automne poursuit sa route, transformant nos paysages avec de belles teintes dorées et une lumière plus douce. C’est une saison de transition, de récolte, de lenteur, mais aussi d’observation.

Dans les centres, les enfants continuent de découvrir les cycles du vivant à travers les feuilles qui tombent et les changements qui s’opèrent dans la nature.

Dans notre dernière infolettre, nous vous parlions du compostage et de la manière dont il peut nourrir la réflexion. Plusieurs d’entre vous nous ont partagé leurs observations et leurs questions, et ce mois-ci, nous avons envie d’aller plus loin.

Parce qu’au fond, tout ce qui se passe dans la nature peut devenir un outil d’apprentissage, à condition qu’on prenne le temps de s’y attarder.

Je vais aussi vous en dire plus sur une formation que nous mettons actuellement en place au sein du Carrefour francophone. Nous verrons également quelques images de Boréal des tout-petits et Village des tout-petits cet automne, et nous clôturerons cette infolettre avec un jeu que vous pourrez expérimenter avec vos enfants ou dans les centres de petite enfance.

Bonne lecture à tous !

Mathieu Lambert
Coordinateur du projet CPE forêt et conseiller pédagogique en plein air, Carrefour francophone.

Quand le compost nourrit aussi la réflexion

Dans la précédente infolettre, je vous ai partagé différents types de compostage, et vous avez pu lire une série de questions invitant à la réflexion à la suite de ces informations.

Vous avez été plusieurs à y réfléchir et, aujourd’hui, j’aimerais vous proposer quelques pistes de réponse.

Quels apprentissages concrets le compostage peut-il soutenir ?

Le compostage est une activité qui rassemble une multitude d’apprentissages : le vivant, la science, le langage, la motricité et même les mathématiques.

Lorsque les enfants observent les vers de terre ou la couleur du sol qui change, ils développent leur esprit scientifique. Ils formulent des hypothèses, ils comparent, ils questionnent. Ils découvrent les notions de transformation de la matière, de cycle de la vie, de température, d’humidité et de biodégradation.

  • Ils exercent leur motricité et affinent leur coordination en manipulant la terre, en versant les déchets et en mélangeant les matières vertes et brunes. Ce sont des gestes concrets qui nourrissent aussi leur sentiment de compétence et d’appartenance : « c’est moi qui l’ai fait ».
  • En discutant de ce qu’ils observent, les enfants enrichissent leur vocabulaire : ils apprennent des mots comme décomposition, humus, matière organique, cycle ou vers de terre. Ces mots, employés dans un contexte réel, prennent un sens profond. Ils deviennent des mots issus de leurs expériences, et pas des mots appris de manière théorique.
  • Et même, pour les plus grands, en comptant les jours, en mesurant la taille des vers, en estimant la quantité de terre produite, ils peuvent explorer les mathématiques de manière concrète et vivante. En mesurant, en comparant, et en estimant.

Le compost permet donc à l’enfant d’expérimenter sans se rendre compte des notions de base du raisonnement logique et scientifique.

Et au-delà de ces compétences, le compost nous enseigne également la patience. Il montre que les résultats n’arrivent pas toujours tout de suite. Qu’il faut parfois attendre, observer, recommencer, ajuster. C’est une leçon précieuse, surtout dans un monde où tout va vite, et où l’on attend souvent des résultats immédiats.

Quelle place laissons-nous aux processus lents dans nos journées éducatives ?

Le compost nous invite à réfléchir à notre rapport au temps.

Dans nos journées souvent bien remplies, où les transitions s’enchaînent et où les activités s’organisent selon l’horaire prévu, il peut être difficile de laisser place à ce qui évolue lentement.

Pourtant, c’est souvent dans cette lenteur que se cachent les plus beaux apprentissages.

Les processus naturels ne se pressent pas : la feuille met du temps à se décomposer, la graine prend son temps pour germer, et les vers travaillent à leur rythme.

Faire vivre cela aux enfants, c’est aussi leur apprendre à observer le temps, à apprécier les changements subtils, et à revenir plusieurs jours de suite pour voir « ce qui a changé ».

Valoriser les processus lents, c’est accepter de ne pas tout mesurer, de ne pas tout contrôler. C’est reconnaître que l’apprentissage peut être progressif, invisible et intérieur. C’est donner de la valeur à ce qui se construit doucement, tout comme le font les relations, la confiance, ou la curiosité.

Comment les enfants perçoivent-ils leur lien avec la nature lorsqu’ils participent à des gestes écologiques ?

Nous observons souvent dans les centres un changement d’attitude chez les enfants qui s’impliquent dans des projets écologiques.

Des gestes comme nourrir le compost, arroser une plante, ramasser les feuilles, ramener une pelure de fruit à la bonne place deviennent de vrais actes d’appartenance.

  • Les enfants développent une attitude plus calme, concentrée et responsable.
  • Ils apprennent que leurs gestes ont un impact, que ce qu’ils font compte.
  • Ils gagnent en autonomie, en fierté, et en sens du collectif : « nous en prenons soin ensemble ».

C’est aussi une belle manière de nourrir le sentiment d’émerveillement : celui de découvrir qu’un ver de terre, une pelure de carotte ou une poignée de terre peuvent transformer le monde à leur échelle.

Petit à petit, le lien à la nature fait sa place, au même titre que le jeu, la curiosité ou la relation à l’adulte.

Le gaspillage alimentaire est-il un sujet que nous pouvons aborder avec les enfants ?

Aborder le gaspillage alimentaire avec les enfants peut sembler abstrait, mais cela peut se faire simplement à travers les gestes du quotidien.

Lorsque l’on trie, lorsque l’on transforme, lorsque l’on prend soin de ce qu’on mange, on transmet déjà un message : la nourriture a de la valeur.

En observant la pelure d’un fruit devenir humus, ou les restes de légumes se transformer en terreau, les enfants comprennent qu’il n’y a pas vraiment de « déchets » dans la nature, seulement des transformations.

C’est une belle manière d’aborder la durabilité, la gratitude et le respect du vivant.

Oui, parler de gaspillage, c’est aussi parler de gratitude : la gratitude envers la terre, envers ceux qui cultivent, et envers ce que nous mangeons.

Une formation en pleine nature : apprendre à aimer dehors

Pour poursuivre cette réflexion et soutenir les équipes éducatives, le Carrefour francophone développe actuellement une formation en pleine nature, en totale immersion.

Cette initiative a pour objectif de renforcer la pédagogie en nature dans nos centres, en permettant au personnel de vivre une journée complète dehors, encadrée par des formateurs certifiés, dans un lieu inconnu des participants, où chacun partira donc sur un pied d’égalité.

Mais pourquoi en pleine nature ?

Nous pensons qu’avant de donner envie aux enfants d’aller dehors, il faut que les adultes y trouvent eux-mêmes du plaisir, de la sécurité et de la confiance.

Cette formation a donc plusieurs objectifs :

  • Faire aimer la nature et le plein air aux membres du personnel ;
  • Montrer que la nature peut être sécuritaire, à condition de garder un regard attentif et bienveillant sur son environnement ;
  • Favoriser la coopération et l’échange d’expériences entre collègues, en créant ensemble de nouveaux repères ;
  • Et surtout, transférer cette aisance vers les enfants, pour qu’ils puissent eux aussi explorer dehors avec confiance et émerveillement.

Ce projet se déploiera progressivement à travers trois cohortes, afin que chaque participant puisse vivre pleinement cette expérience d’immersion et la faire rayonner dans son milieu de travail.

Ce qui se passe dans nos centres

Boréal des tout-petits

À Boréal des tout-petits, une chasse au trésor d’automne a été organisée dans la forêt par Caroline Turpin, superviseure de Boréal des tout-petits.

Cette activité a été un véritable succès. Les enfants ont cherché des citrouilles cachées parmi les feuilles et ont pu observer les couleurs de cette saison. Ils ont eu la joie de repartir chacun avec une citrouille ! Une belle façon de célébrer la saison tout en bougeant et en s’amusant dehors.

Village des tout-petits

Dans d’autres centres, comme Village des tout-petits, les expériences se multiplient : les enfants prennent plaisir à jouer avec des feuilles d’automne.

Et ils jouent en musique, car ils chantent en même temps des chansons sur les feuilles d’automne sur l’air de frère Jacques. Ces moments simples sont souvent les plus marquants pour les enfants : ils touchent, chantent, participent, écoutent, ressentent, et découvrent à leur rythme !

C’est avec ces moments-là que l’on voit que l’automne est une saison particulièrement riche et que nous avons de nombreuses choses à célébrer en cette période, et pas seulement Halloween.

Jouons ensemble !

Et si vous sortiez, vous aussi, jouer dehors avec vos enfants ?

Que ce soit dans un parc, une forêt, une prairie ou même votre jardin, partez à la recherche de ces mots mystères dans la nature grâce à nos devinettes d’automne ou aux images pour les plus jeunes !

Saurez-vous deviner ces 10 trésors cachés dans la nature ?

Télécharger le jeu !

Votre mission, si toutefois vous l’acceptez, est de retrouver tous ces éléments dans la nature avec vos enfants et de nous partager vos découvertes !

À bientôt,


Mathieu Lambert
Coordinateur du projet CPE forêt et conseiller pédagogique en plein air, Carrefour francophone.

Le Carrefour francophone souhaite offrir ses remerciements

Nos partenaires de projet : PLAYLearnThink, Collège Boréal, Centre éducatif des Premières Nations, Métis et Inuit et la Pavillon Shkode (Cœur du feu);
nos partenaires de recherche : Centre d’innovation sociale pour l’enfant et la famille et notre bailleur de fonds : Emploi et Développement social Canada.

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