L’été prend racine : petits pas, grands progrès !

Dans l’infolettre du mois dernier, nous vous avions proposé plusieurs pistes de réflexion sur le développement moteur des enfants en nature. Ce mois-ci, nous poursuivons sur cette lancée en vous partageant quelques éléments de réponse, basés sur nos observations et notre expérience sur le terrain.

Vous découvrirez également un aperçu de sorties en nature vécues récemment avec les centres Boréal des tout-petits et Foyer des tout-petits. Enfin, vous trouverez un jeu éducatif à faire avec les enfants, sur le thème d’un animal bien connu dans notre région : l’ours noir !

Bonne lecture et belles explorations à tous !

Mathieu Lambert
Coordinateur du projet CPE forêt et conseiller pédagogique en plein air,
Carrefour francophone.

Aménager les espaces extérieurs pour soutenir le développement moteur.

Dans le programme CPE en nature, une idée revient souvent : la nature se suffit à elle-même. En effet, les éléments naturels comme les rochers, les troncs d’arbres tombés, les buttes, les racines ou les flaques offrent aux enfants la possibilité de grimper, glisser, sauter et développer leur motricité.

Mais pour que ces espaces naturels soient favorables à tous les enfants, il est important, dans un premier temps, d’observer, analyser et préparer le terrain.

Qu’est-ce-que j’entends par là ? Tout simplement retirer les dangers majeurs, comme des déchets tranchants ou rouillés, du verre cassé, ou encore, des branches et des arbres menaçants de tomber.

Nettoyer et baliser légèrement un espace naturel permet d’en faire un terrain de jeu et d’apprentissage. Un tronc d’arbre mal placé ? On peut le déplacer et le rendre plus accessible et sécuritaire. De nombreuses branches basses ? On peut les élaguer, pour faciliter le passage.

L’objectif n’est pas de transformer la nature en aire de jeu aménagée, mais de laisser place au jeu libre. Et ceci en permettant à tous les enfants d’explorer en confiance, sans causer de changements nuisibles à notre environnement.

Il est aussi possible de prévoir des aménagements simples pour enrichir davantage l’environnement des enfants et leur créer des points de repère, comme nous l’avons fait, par exemple, à Boréal et à Scène des tout-petits. Vous pouvez, par exemple, disposer quelques grosses pierres en cercle pour créer un coin calme, ajouter une planche entre deux souches pour qu’ils aient un espace spécifique ou travailler l’équilibre, tout en s’amusant, ou encore, laisser sciemment des branches et matériaux naturels à disposition des enfants, pour qu’ils puissent construire leurs propres espaces.

Aménager, dans ces cas-là, ne signifie pas de créer des zones artificielles qui remplacent la nature, mais plutôt, d’offrir un espace qui soutient l’autonomie des enfants, qui leur offre des expériences motrices diverses et permet à la nature d’être un enseignant à part entière pour les enfants.

Encourager l’équilibre, la coordination et l’exploration libre.

Pour soutenir le développement moteur des enfants, nul besoin de proposer des parcours ou des consignes spécifiques. Vous remarquerez souvent que c’est la liberté de mouvement, l’accessibilité à la nature et le temps laissé aux enfants qui font toute la différence.

Dans la nature, chaque élément offre une occasion d’expérimenter. Une pente à gravir, une branche à enjamber, un tronc sur lequel marcher en équilibre, … . Tous ces défis qui émergent spontanément, permettent aux enfants de mobiliser leur corps, de prendre des décisions, d’évaluer les distances, les risques, et de développer leur confiance en eux.

L’équilibre, la coordination et la motricité au sens global, ne se travaillent pas seulement en intérieur. Au contraire, les terrains irréguliers, les racines, les cailloux ou encore les pentes offrent des stimulations bien plus riches que n’importe quel sol lisse. Le matériel coûteux n’est pas forcément nécessaire, parfois, les choses les plus simples sont les plus efficaces.

C’est pourquoi, dans tous nos centres de petite enfance qui bénéficient du programme CPE en nature, nous laissons les enfants explorer librement.

Souvent, il suffit d’observer, de s’émerveiller, jouer avec eux, ou d’ajouter quelques éléments d’aménagement simples, pour transformer les sorties en natures en moments mémorables.

Et lorsque les enfants se sentent soutenus et ont l’espace d’essayer, de recommencer, de tester leurs propres limites, c’est bien plus que leur motricité qu’ils développent : c’est leur persévérance, leur autonomie, et leur curiosité naturelle.

Savoir reconnaître quand un enfant sort de sa zone de confort… ou n’ose pas encore.

En observant les enfants en nature, vous remarquerez certains signes qui montrent qu’un enfant est en train de se dépasser, ou qu’au contraire, il reste en retrait.

Quand un enfant sort de sa zone de confort, cela peut se traduire par :

  • une montée d’enthousiasme mêlée à une légère appréhension :“J’ai peur… mais je veux essayer !”,
  • une plus grande concentration, un regard attentif, tous les sens en éveil,
  • des appels à l’aide ou au regard de l’adulte, pour être rassuré et encouragé,
  • et aussi, une grande fierté après avoir réussi !

Cependant, sortir de sa zone de confort ne signifie pas aller trop loin. Il est important de rester attentif aux signes de fatigue, de découragement ou de peur excessive. Un enfant qui n’arrive plus à coordonner ses mouvements, qui pleure, se fige, ou se met en danger de façon répétée a probablement franchi une limite qu’il n’était pas prêt à explorer ce jour-là.

Vous remarquerez aussi, qu’à l’inverse, certains enfants peuvent avoir tendance à rester à distance, ne pas oser, ou se désintéresser de l’exploration. Cela ne veut pas dire qu’ils n’en sont pas capables. Ils peuvent avoir besoin :

  • de plus de temps pour observer avant d’agir,
  • d’un exemple : par un autre enfant ou un adulte,
  • d’un espace plus calme pour s’acclimater à l’environnement,
  • ou alors, d’un coup de pouce bienveillant pour oser faire le premier pas.

Le plus important, c’est de respecter le rythme de chaque enfant, tout en restant présents, disponibles et encourageants. Parfois, un simple “Je suis là si tu veux essayer” suffit à ouvrir un nouveau champ des possibles.

Un petit coin pour de grandes aventures.

Du côté de Foyer des tout-petits à Hanmer, l’enthousiasme est aussi présent. La superviseure du centre de petite enfance, Andréanne Thériault, a lancé un projet d’aménagement en plein air, avec pour idée d’offrir aux enfants un lieu pour se cacher, grimper et découvrir les plantes qui les entourent.

Les enfants sortaient déjà en nature, mais cet aménagement va être l’occasion pour eux d’avoir un lieu où ils se sentent bien et où ils peuvent se retrouver entre amis. C’est une belle initiative, qui montre que chaque centre peut, à son rythme, transformer un bout de nature en terrain d’épanouissement pour les enfants.

Un jeu pour aller plus loin...

Pour prolonger les apprentissages, je vous propose un petit jeu éducatif autour d’un animal emblématique de nos forêts : l’ours noir. Vous pouvez le télécharger, l’imprimer et l’utiliser avec les enfants dans les centres de petite enfance ou à la maison. C’est une belle manière de continuer à apprendre en s’amusant !

Pour télécharger cliquez ici

En juin, profitons de la nature !

Merci à toutes les équipes éducatives et aux familles qui rendent ces belles aventures en nature possibles. Grâce à vous, les enfants vivent des expériences enrichissantes, qui nourrissent leur curiosité, leur autonomie et leur lien avec le monde qui les entoure.

J’espère que cette infolettre vous aura inspiré, donné des idées et conforté dans vos pratiques. N’hésitez pas à partager vos initiatives, vos découvertes ou vos questions avec nous : les expériences et questionnements sont précieux, ils aident à faire grandir toujours plus notre communauté.

On se retrouve le mois prochain pour de nouvelles pistes…

et un nouveau défi nature !

À très bientôt et profitez bien de l’été qui s’annonce,

Mathieu Lambert
Coordinateur du projet CPE forêt et conseiller pédagogique en plein air,
Carrefour francophone.

Le Carrefour francophone souhaite offrir ses remerciements

Nos partenaires de projet : PLAYLearnThink, Collège Boréal, Centre éducatif des Premières Nations, Métis et Inuit et la Pavillon Shkode (Coeur du feu); nos partenaires de recherche : Centre d’innovation sociale pour l’enfant et la famille et notre bailleur de fonds : Emploi et Développement social Canada.