publié le lundi 31 juillet 2017
par Sophia Bagaoui dans Camps d'été
C’est en fouillant dans les archives des Camps d’été que le Carrefour francophone tombe par hasard sur des photos de Michel Laforge, plus jeune, les yeux pétillants et entouré d’enfants au visage beurré de joie.
L’ancien animateur de camp d’été et professeur de musique du Carrefour francophone est aujourd’hui journaliste culturel à l’émission Grands Lacs café (Radio-Canada). Le Carrefour lui a donné rendez-vous dans un joli café au centre-ville de Sudbury. Un Americano à la main, le regard posé, il réfléchit : « Outre ma famille, c’est le Carrefour qui m’a permis de m’enraciner ici. C’est une partie importante de ce qui me garde à Sudbury aussi. » Voici son témoignage.
Les Camps d’été du Carrefour ont été ma première véritable expérience professionnelle. Je pense que ça m’a autant enrichi que ça a pu enrichir les enfants. Contrairement à une salle de classe ou un camp d’été traditionnel, on encourage les jeunes à choisir les activités qui leur plaisent, puis ensuite de foncer.
D’ailleurs, c’est comme ça qu’on a écrit la chanson thème des Camps d’été en 2007 ou 2008. On avait demandé aux animateurs de composer une chanson thème, un hymne. On ne savait pas trop comment s’y prendre. Mais j’avais remarqué que pendant l’été, des jeunes s’amusaient régulièrement au piano qui était dans la salle de jeu. « Pourquoi ne pas intégrer leurs pianotements à la chanson? », me suis-je dit. Eh bien, c’est ce qu’on a fait. Les enfants et moi l’avons enregistrée. Ça doit encore se retrouver dans les archives quelque part. Mais le plus beau, selon moi, c’est que c’est né de manière spontanée. Les enfants ont mené le processus créatif. Ils ont beaucoup appris sans vraiment en avoir conscience.
Stéphane Gauthier, qui était directeur artistique, mais qui cumulait le rôle de directeur général à ce moment-là, descendait régulièrement à la salle pour voir comment les choses se passaient. Il m’a aperçu au piano avec des enfants en plein milieu de ce processus créatif. Quand je lui ai expliqué ce qu’on faisait, il m’a dit, d’un air agréablement surpris : « Hé, tu sais qu’on a une école de musique aussi pendant l’année scolaire? On est à la recherche de profs de piano. Tu devrais soumettre ta candidature! »
J’aurais dû le savoir, parce que mes premiers cours de piano ont eu lieu à la Clé de Sol du Carrefour francophone en 1995. Mais comme mes parents avaient opté pour des cours privés plus près de la maison, je n’étais pas retourné au Carrefour. Ça m’était sorti de l’esprit.
C’est en partie grâce au mot de Stéphane et à l’ambiance générale qui régnait au Carrefour que ma vie a pris un tournant vers les arts. Jusque-là, j’avais habité dans le petit village d’Azilda où je ne sortais pas souvent, mais là, enfin, je voyais qu’il y avait à Sudbury des gens qui valorisaient la créativité. C’est à partir de ce moment-là que j’ai compris qu’il était possible de rester dans ma communauté et de faire ce que j’aime.
J’ai donc fait demande, j’ai eu le poste et j’ai travaillé comme enseignant de piano pendant les quatre années suivantes, en même temps que je terminais mon bacc. J’ai ensuite fait de la diffusion de spectacles avec La Slague pendant quelques années aussi. On m’a d’ailleurs donné le surnom l’Interrupteur, mais ça c’est une histoire pour une autre fois!
Si je suis journaliste culturel aujourd’hui à Radio-Canada, c’est sans doute grâce au Carrefour qui m’a encouragé à être curieux. Outre ma famille, c’est ce qui m’a permis de m’enraciner ici. C’est une partie importante de ce qui me garde à Sudbury aussi. Puis ce sont des liens que je maintiens encore aujourd’hui : mon groupe de musique, Les Gauchistes, se sert des locaux du Carrefour toutes les semaines pour répéter!