publié le mercredi 6 décembre 2023
par Aline Fablet dans Blogue
Michel Laforge est un artiste sonore multidisciplinaire basé à Sudbury qui fait de la musique, de la conception sonore et des installations interactives. Vous avez peut-être entendu son travail dans Telecolor, au Théâtre du Nouvel-Ontario, YES Theatre, ou au festival Up Here. Le voici qui fait le bilan de ses ateliers de musique électronique aux camps d’été 2023 du Carrefour francophone.
C’est ce que j’explique systématiquement aux enfants que j’accueille lorsque je donne mon atelier de musique électronique et de conception sonore, que ce soit dans un contexte scolaire ou bien aux Camps d’été du Carrefour francophone.
Je leur explique qu’on peut très bien faire de la musique avec des instruments traditionnels, mais que grâce à la technologie on peut aussi partir de sons du quotidien pour en créer. Suffit de s’arrêter et d’écouter.
Fermer les yeux et écouter – cette mini méditation par laquelle j’amorce toujours l’atelier – s’avère un exercice particulièrement fructueux lors des camps d’été en plein air : le chant rythmé des sauterelles, le chuintement des feuilles dans le vent, les autres enfants qui jouent, le son de morceaux de roche, et bien sûr de l’omniprésente slague sudburoise, sont parmi les sons qu’identifient les enfants.
Armés de mon enregistreuse portative (que je remplace parfois par mon cellulaire quand j’oublie les piles), on récolte ces sons tout comme on récolte des bleuets avant de cuisiner une tarte.
Lors de notre petite marche pour rejoindre le studio mobile que j’ai installé dans la cuisine de l’école où se tient le camp, on se met à rêver à ce qu’on veut raconter avec nos sons.
C’est précisément cette démarche dont je me sers lorsque je compose de la musique ou du son dans mes projets professionnels. S’il n’y a pas d’histoire, ou du moins d’émotion, on part dans tous les sens et on aboutit moins souvent à quelque chose de potable.
On arrive au studio de fortune, on transfère les fichiers dans l’ordinateur, et on se met à pitonner avec les échantillons recueillis. Le but ultime : s’amuser et expérimenter la manipulation sonore afin de découvrir ses possibilités. Ici, les accidents sont les bienvenus!
Chaque groupe s’amuse à chanter dans le micro, à jouer avec les synthétiseurs et à manipuler les échantillons et d’autres sons pour créer sa propre petite œuvre sonore. Je suis épaté par leur créativité.
Le groupe orange décide de créer une ambiance sonore avec une petite musique pour raconter l’histoire d’un monstre épeurant qui habite la forêt près du camp d’été.
Du côté du groupe bleu, on s’amuse avec le micro de toutes sortes de façons. Le peu de gêne qu’il y avait au début de la journée semble avoir disparu. Même l’un des animateurs décide de se livrer à un rap.
Certains groupes unissent leurs forces : les groupes orange et vert ont enregistré plus tôt dans la journée le chant d’un jeu mené par l’artiste Chloé Thériault, et s’en servent pour créer le rythme principal d’une courte pièce musicale.
Puis enfin, la récolte de sons du matin est abondamment utilisée dans cette courte ambiance sonore qui raconte l’arrivée imprévue d’extra-terrestres au camp d’été! Les groupes rouge et bleu se servent non seulement des bruits de roches et d’autres sons pour en faire des instruments de percussion, mais ils chorégraphient même une danse pour accompagner leur composition!
Si la technologie et les écrans peuvent certes miner la créativité des enfants, lorsqu’on s’en sert judicieusement comme appui dans un contexte comme celui-ci, ils peuvent aussi débloquer de nouveaux horizons! Suffit de fermer les yeux quelques instants, le temps de « s’ouvrir les oreilles ».