« Le Grand Nord n’est pas à l’autre bout du monde, il est au centre du mien »

Le mois de mai amène à Sudbury une grande artiste. Elle s’appelle Elisapie et représente la beauté du Grand Nord. Elisapie est devenue, par son talent en musique, une ambassadrice de la culture inuit. Elle profite de sa plateforme pour faire briller les classiques musicaux de sa culture et ses compositions inspirées. La Slague vous donne rendez-vous le mardi 7 mai à la salle de spectacle Trisac du Collège Boréal à compter de 19 h.

Née d’un père blanc anglophone de St-John et d’une mère inuit, Elisapie grandit à Salluit au Nunavik, une communauté de 1 400 habitants située au nord de l’Arctique québécois. Elle déménage à Montréal au début de sa vingtaine pour y étudier et s’y installera pour de bon.

En 2004, Elisapie fait sa marque sur la scène musicale avec un premier projet musical appelé Taïma. Elle est accompagnée d’Alain Augé. L’album remporte un prix JUNO dans la catégorie de Meilleur album autochtone.

Inutuulunga – Taima

Avec trois albums en poche, soit TaïmaThere Will Be Stars et Travelling Love, Elisapie sort en 2018 The Ballad of the Runaway Girl. Ce plus récent album est une oeuvre marquante dans la carrière de l’auteure-compositrice-interprète. Jamais elle n’a puisé aussi profond en elle-même pour offrir ces nouvelles chansons.

Dans cet album et spectacle, elle parle notamment de ses différents défis personnels en tant que femme : l’enfant adoptée, la mère ou encore l’amoureuse. Et on y découvre, plus que jamais, une Inuk fière de ses origines qui travaille à la reconnaissance des difficultés historiques de son peuple.

Les 11 morceaux de l’album s’imbriquent les uns dans les autres pour former une seule et même histoire, celle d’Elisapie. The Ballad of the Runaway Girl est un geste poétique de caractère, mû à la fois par l’urgence, la contestation, la douceur et la sensibilité. C’est une œuvre pleinement assumée qui lui permet de s’ancrer dans la vie, un manifeste artistique qui efface tout désir de fuite.

Ikajunga – Elisapie

Ses compositions inspirées dépeignent ses états d’âme. La chanson Ikajunga, par exemple, aborde un post-partum qu’elle a vécu.

Mentionnons également Don’t Make Me Blue, qui raconte l’histoire d’amour d’une femme mature, ainsi que Rodeo, qui fait écho au désir d’Elisapie de quitter son village natal.

Il y a aussi la touchante Una, chanson de la réconciliation dans laquelle Elisapie demande à sa mère biologique ce qu’elle a ressenti quand celle-ci l’a donnée en adoption.

N’oublions pas ces morceaux à travers lesquels l’artiste prend position sur des enjeux sociaux touchant les Premières Nations et les Inuits. Sur Arnaq, Elisapie rend hommage aux femmes et aux filles autochtones disparues ou assassinées au Canada. Dans Ton vieux nom, elle exhorte son peuple à réaffirmer sa fierté.

Una – Elisapie

Il y a aussi The Ballad of the Runaway Girl, chanson écrite par son oncle. Non seulement cette dernière pièce fut une influence majeure quant à l’éveil musical de la jeune Elisapie, elle illustre à merveille le besoin de fuir sa réalité de l’époque. Wolves Don’t Live by the Rules est une autre reprise. Ce morceau emblématique de la culture inuit a été écrit par Willie Thrasher. Enfant, celui-ci a été envoyé dans les pensionnats et a été coupé de sa culture, au point d’en oublier sa langue maternelle.

The Ballad of the Runaway Girl – Elisapie

Déposant un regard plein de tendresse sur son peuple, elle renoue avec ses origines et offre un folk bien habité. Elle se livre, sans détour. C’est un retour aux sources, tantôt doux, tantôt cru avec sa façon bien à elle de mélanger l’inuktitut, l’anglais et le français. C’est le projet qui fera découvrir le personnage derrière la musique de son nouvel album.

Elisapie revient d’une tournée en Europe pour présenter son spectacle à Sudbury le mardi 7 mai à 19 h à la salle de spectacle Trisac du Collège Boréal. Réservez vos billets dès maintenant avant qu’il ne soit trop tard!