publié le lundi 29 janvier 2018
par Sophia Bagaoui dans La Slague
Moonfruits c’est Alex et Kaitlin, qui sont aussi des amoureux dans la vie. Ils partagent plusieurs passions, la bonne bouffe, les voyages, la musique. Au début de leur relation, alors qu’ils cuisinaient ensemble, le nom de leur projet musical leur est venu comme une apparition. Kaitlin, enfant, aimait inventer des mots. Un mythe populaire veut que les champignons poussent grâce à la lumière de la lune. Pour elle, un champignon, c’était un moonfruit. C’est une belle image, hein ? Cette anecdote reflète bien le ton de leur musique. Un ton réaliste célébrant la beauté du quotidien avec une touche magique. Afin d’en savoir un peu plus, La Slague leur a posé quelques questions.
Quelles sont vos inspirations musicales?
Alex : On a tous les deux des inspirations qui se rejoignent. On a en commun un passé en musique classique (j’ai suivi une formation en guitare classique), en performance et en composition. Mais je me suis échappé de ce monde là pour venir jouer du Folk avec Kait. Ma plus grande influence est probablement Radio Head. J’aime aussi Sigur Rós, un groupe Islandais de rock d’avant-garde.
D’ailleurs, on nous demande souvent l’importance de la langue dans notre musique et je fais le lien avec Sigur Rós. Il n’y a pas beaucoup monde qui parle Islandais sur la planète et pourtant, ils chantent dans leur langue. D’autre fois, ils chantent même dans un langage inventé. Ça n’empêche pas de ressentir beaucoup d’émotions en écoutant leur musique. Un band qu’on a en commun qu’on adore c’est Du-Bartàs, c’est d’ailleurs un groupe qui a été découvert dans un voyage dans le sud de la France. Eux ils chantent en occitan, la langue parlée par les troubadours c’est un peu comme l’homologue du Catalan.
Kaitlin : Moi, j’ai chanté dans une chorale. J’ai trippé sur le fait de chanter dans une chorale, mais un moment donné j’ai eu envie de chanter de la musique plus populaire. Comme le Jazz des années 50, 60 et 70, du R&B, du Funk et du Soul. Plus récemment j’ai tendance à écouter nos paires en musique. Les musiciens qu’on rencontre en spectacle et en conférence. Un autre de nos influences est le silence, on a besoin du silence pour pouvoir créer, ça fait partie de notre processus créatif. Mais quand on écoute la musique dans le char, on l’écoute fort. On a un paquet de CDs qu’on a échangé avec nos paires musiciens sur notre route.
Vous nous racontez des histoires empreintes de quotidien. Concrètement, qu’est-ce qui vous inspire et pourquoi?
Alex : Lorsqu’on s’est rencontrés on avait 4 emplois à temps partiel chacun. Au fur et à mesure que notre projet musical prenait de l’ampleur, on laissait tomber des emplois. D’une manière plus large en voyageant et avec nos expériences de vie, on reconnait les mêmes enjeux sociaux-économiques en Europe qu’ici. L’impossibilité d’avoir un emploi à temps plein d’ici la pierre tombale, les âges de retraites qui se font constamment repousser, c’est plus difficile pour tout le monde de gagner sa vie.
Kaitlin : Si on travaille juste pour continuer à travailler, sans aucun moment de réflexion, on perd la chance d’avoir des relations de proximité avec nos voisins, nos amis. Ça c’est le message qu’on essaie de communiquer. On veut adresser ce problème directement tout en utilisant des allégories pour faciliter l’approche. Le rôle du musicien et de l’artiste est celui d’un magicien. Ils permettent aux adultes et personnes âgées de se voir avec un peu de distance et de jouer encore. Ils doivent permettre la réflexion, chose qu’on dont on manque beaucoup. C’est aussi important de souligner qu’on ne veut pas faire la morale : la raison pour laquelle on a créé un village et des personnages fictifs dans l’album Ste-Quequepart, c’est qu’on aime aussi ces personnes-là, on ne les juge pas et on essaie de les comprendre. On voulait donner un portrait large de différentes personnes.
Alex : Vie de bureau a été difficile à incarner pour nous parce que ça représente un employé de bureau très aisé. Une personne qui donne beaucoup d’importance à son chèque de paie et moins aux humains. Alors on l’a présenté comme un habitant du village aux autres habitants et on les laisse eux-mêmes se faire une opinion de ce personnage.
Aussi, la photo de nous dans le champ de nous assis à la table, c’est une image forte. Il n’y a pas de nourriture sur la table et c’est la réalité de plusieurs personnes. On cherche à partager et faire croître une vision qui est plus saine de notre société. En partageant ces chansons-là et avec les gens qui viennent nous parler après les spectacles, ça nous force à croire que cette vision peut grandir.
Le duo folk doux de magiciens musiciens sera de passage avec Louis-Philippe Robillard à Sudbury au Moose Lodge le samedi 3 février.
Billetterie officielle du Théâtre du Nouvel-Ontario