Le louvoyant retour du voyageur

« Ça fait maintenant quelques fois que je passe à Sudbury, soit pour jouer à la Nuit émergente ou en voyageant vers l’Ouest. J’ai toujours eu l’impression d’entrer dans un genre de monde à part. C’est comme les irréductibles Gaulois, dans un cratère. Il y a certainement un vibe à Sudbury qu’on ne trouve pas ailleurs. »

La Slague est d’avis que celui qui fait ce sympathique commentaire a certainement lui aussi un vibe qu’on ne retrouve pas ailleurs et qui fait entrer dans un monde à part. Voilà pourquoi l’auteur-compositeur franco-ontarien Louis-Philippe Robillard figure parmi nos coups de cœur présentés dans notre saison en cours. Nous aurons le plaisir de l’accueillir ― et vous, de l’applaudir ― le samedi 3 février en plateau double avec le duo Moonfruits au sympathique Moose Lodge, rue Frood.

Trajectoire singulière

Originaire du secteur de Vanier à Ottawa, Louis-Philippe Robillard livre un folk-rock contemporain agrémenté de sa poésie bien sentie et de son talent de multi-instrumentiste.

Sa carrière a pris son envol en 2010, alors qu’il avait 20 ans, avec son premier album très remarqué, « Le café des oiseaux », qui faisait écho à la vie de gens ordinaires croisés par un vagabond de l’imaginaire. De son sac à dos, il tirait des textes matures et bien ficelés, tantôt festifs, tantôt mélancoliques, souvent axés sur des histoires singulières, toujours livrées avec un charisme indéniable. 

À l’époque, il a remporté une impressionnante brochette de prix, décernés par Réseau Ontario, l’APCM, Radio-Canada, Folk Music Ontario, le journal Le Droit (personnalité de la semaine) et le prix André Dédé Fortin de la Fondation SPACQ. Clairement, l’artiste avait le vent dans les voiles. Mais le gars, lui, avait d’autres aventures à vivre. Après un voyage de 7000 km en canot à travers le Canada, il décide de modérer sa carrière musicale pour privilégier l’apprentissage et encore des voyages. Donc, le voilà maintenant qui obtient une formation en ébénisterie artisanale, qui traverse la Pologne à vélo, qui fait un long trek en Patagonie.

À vrai dire, le voyageur n’a jamais tout à fait éclipsé l’artiste. Il a composé de la musique pour le théâtre et joué dans la pièce Onkar, présentée dans l’Ouest canadien, il s’est joint à un groupe underground de musique expérimentale et à une troupe de burlesque, il a participé à des soirées de poésie. On l’a revu sur scène à l’occasion, à Sudbury à la Nuit émergente de 2014, quelques fois en première partie de spectacles de Mehdi Cayenne.

Retour solo longuement mûri

Enfin, huit ans après son premier album, Louis-Philippe Robillard nous revient en force avec un nouveau spectacle et prochainement un nouvel opus. Le tempérament fringuant du chanteur de 20 ans laisse maintenant place à la sensibilité mûrie d’un artiste qui aime composer.

« Je dirais que dans mon nouveau projet, les chansons sont beaucoup plus personnelles. Ça aborde beaucoup la distance : la distance par rapport aux autres, mais aussi par rapport à moi-même. Ça parle de choses impossibles, d’amours qu’on aurait pourtant voulus. »

L’équipe de La Slague est de nouveau tombée sous le charme en voyant sa vitrine à Contact ontarois 2017, où il a livré un aperçu de sa nouvelle veine, un folk-rock bien charpenté dont le rythme et la manière semblent toujours respirer l’air du voyage.

Le samedi 3 février, venez voir Louis-Philippe Robillard et Moonfruits au Moose Lodge. Venez prendre un verre, voyager dans les airs de la musique et voir le monde, dans la salle et dans les chansons. Car un coup de cœur de La Slague, c’est toujours la meilleure des recommandations.